La Pléaide

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L'histoire de la Pléiade

Les insolites de la Pléiade. Une sainte précision (3/3)

La lettre de la Pléiade n° 23
février-mars 2006

Nous évoquions dans la vingt et unième livraison de notre Lettre de la Pléiade l’existence attestée d’exemplaires des Œuvres poétiques complètes de Charles Péguy et des Oraisons funèbresPanégyriques de Bossuet, recouverts d’une peau blanche estampée à chaud, avec tranche de tête dorée, sous emboîtage cartonné lui-même recouvert de cuir blanc.

Nous avions émis l’hypothèse que ces exemplaires remarquables avaient été réalisés à titre exceptionnel, pour un cadeau de communion.

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Nos recherches nous ont permis de résoudre cette petite énigme bibliographique, de sorte que nous pouvons désormais affirmer – ce que nous soupçonnions sans être en mesure de le prouver – que cette édition « spéciale » avait en fait été réalisée à l’initiative des services commerciaux de la Librairie Gallimard. Nous avons en effet pu retrouver dans les pages d’annonces annexées au numéro du 1er mai 1936 de La Nouvelle Revue française une publicité (fig. 1) annonçant la parution desdites oeuvres de Bossuet en un volume, d’une part en pleine peau de la teinte traditionnelle pour un auteur de ce siècle, d’autre part, et simultanément, en cuir blanc avec « emboîtage de luxe », « présentation spéciale pour cadeaux (premières communions, etc.) ». Cette édition spéciale faisait l’objet d’un prix de vente majoré de dix francs de l’époque (soixante-douze francs, soit environ quarante-cinq euros d’aujourd’hui). Poursuivant notre enquête, nous avons également retrouvé l’annonce de l’édition des Œuvres de Charles Péguy, cette fois dans les annonces de La NRF du 1er décembre 1941 (fig. 2). Là encore figurent bien les deux types de couvertures commercialisées, l’annonce se faisant plus insistante (« reliure très soignée, en peau blanche de très belle qualité, tête or, présentation sous étui spécial ») mais se gardant de toute mention particulière au calendrier catholique. Peut-être visait-on alors plutôt les achats de fin d’année, les volumes de la « Pléiade » étant couramment offerts pour les étrennes. La majoration du prix était du même ordre qu’en 1936 : deux cent cinquante francs, au lieu de cent quatre-vingt-dix (soit environ soixante-cinq euros d’aujourd’hui).

Voilà donc une énigme résolue. Reste à savoir si d’autres ouvrages, peut-être moins « religieux » dans leur inspiration, ont pu faire l’objet d’un tel traitement de faveur. Nous n’en connaissons pas, pour notre part. Avis aux amateurs éclairés.