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Échos de la vie littéraire

Dans cette rubrique, nous proposons cent petits textes, ­ un par année, ­ consacrés à la vie des livres et des écrivains, en France, au XXe siècle. Ces textes ont été publiés pour la première fois dans les Agendas de la Pléiade entre 2002 et 2011. Les événements qu’ils mettent en lumière ont certes été choisis en fonction de leur importance, immédiate ou différée, mais aussi, mais surtout, pour le plaisir d’évoquer un livre ou un auteur attachant. Leur republication simultanée ne forme donc pas une histoire littéraire du XXe siècle en cent chapitres : tout au plus une promenade en cent étapes, arbitraires et facultatives.

À la une

1985

Le 17 octobre à 13 heures, la nouvelle tombe : le prix Nobel de littérature 1985 est attribué à Claude Simon. À la troisième ligne du communiqué, avant même que ne soit caractérisée l'œuvre du lauréat, figure la formule attendue : «nouveau roman» ! (Elle occupera la même place dans le discours du secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise, le jour de la remise du prix.) Alain Robbe-Grillet est d'ailleurs en embuscade à la cinquième ligne. Faulkner et Proust, «les avant-coureurs», sont ex æquo aux alentours de la douzième ligne, ce qui n'est pas si mal : Dostoïevski, lui, est presque enterré au milieu du deuxième paragraphe.

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  • 1979

    Les recenseurs, pour la plupart, commencent par mentionner l’âge de l’auteur : quatre-vingt-trois ans selon les uns, quatre-vingt-quatre selon d’autres, qui anticipent un peu. Difficile de leur reprocher cette indélicatesse, si c’en est une. Au seuil de ses Carnets 1978, qui paraissent chez Gallimard en ce printemps de 1979, Albert Cohen a donné le ton : « J’ai quatre-vingt-deux ans et je vais bientôt mourir. Vite me redire, stupidement souriant, me redire le temps de mon enfance, vite avant la fin de moi et de mes souvenirs. »

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  • 1980

    Mount Desert Island, dans le Maine. Marguerite Yourcenar passe l’été chez elle, à « Petite Plaisance ». Elle lit ou relit les œuvres de Roger Caillois – toutes ses œuvres, car elle se prépare à « célébrer ce rite émouvant » : « louer publiquement un mort ». Le 6 mars, elle a été élue à l’Académie française, au 3e fauteuil, celui de Caillois. C’est la première fois qu’une femme siégera parmi les quarante.

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  • 1981

    Dans Le Monde du 30 janvier, Bertrand Poirot-Delpech fait paraître un compte rendu élogieux du livre qu’Henri Michaux vient de publier chez Gallimard, Poteaux d’angle. Il s’agit, plus précisément, de la troisième version de cette œuvre, à laquelle son auteur vient de donner sa forme ultime. Mais Poirot-Delpech ignore sans doute, à cette date, que Michaux publiera trois autres livres avant la fin de l’année.

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  • 1982

    Le Grand Prix national des Lettres, décerné par le ministère de la Culture, est attribué à Nathalie Sarraute. Et Gallimard publie ce qui deviendra la pièce la plus célèbre de Sarraute — sa dernière pièce : Pour un oui ou pour un non.

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  • 1983

    Quand Enfance paraît, en avril, chez Gallimard, Nathalie Sarraute a près de quatre-vingt-trois ans, mais ses forces ne déclinent pas du tout. Au reste, le livre (dont la couverture ne porte aucune indication de genre) n'est pas une autobiographie classique. « Je n'aime pas les autobiographies », confie l'écrivain à Roger Vrigny le 23 juin, « ou plutôt je ne les aime pas en tant que genre littéraire. » Et dans Le Magazine littéraire du même mois : « Il ne s'agit pas d'une autobiographie. […] J'ai sélectionné, comme pour tous mes autres livres, des instants dont je pourrais retrouver la sensation. »

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  • 1984

    Dès les années 1950, Francis Ponge conçoit l'idée d'un recueil auquel il associe le terme de « Pratiques ». En octobre 1951, il songe à rassembler dans son « prochain livre » ses « Pratiques » ou « Trames ». Un mois plus tard, il précise : « Bien entendu, le titre donné à ce recueil n'annonce pas un chef-d'œuvre : plutôt le contraire. Et certes, j'aurais aimé être capable d'un chef-d'œuvre […]. Mais enfin nous n'en manquons pas. Nos bibliothèques en regorgent, nous ne savons plus où ranger les anciens pour faire place aux nouveaux. Cela est exaltant, un peu encombrant, mais exaltant. Voici un livre dont le propos est le plus ambitieux du monde : il doit être capable, à lui seul (lui, qui n'est pas un chef-d'œuvre), de faire tomber cette exaltation. » En 1952, le titre réapparaît dans un manuscrit : « Théorie et Pratique de l'Objeu (Dix ans de Pratiques) ». En 1956, il sert d'intitulé à une conférence : « La Pratique de la littérature ».

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