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image d'illustration: Ancienne édition
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Molière

Œuvres complètes I, II

Édition publiée sous la direction de Georges Forestier Avec Claude Bourqui. Textes établis par Edric Caldicott et Alain Riffaud. Comédies-ballets coéditées par Anne Piéjus

Parution le 17 Mai 2010
Bibliothèque de la Pléiade
Achevé d'imprimer le 01 Mai 2010
3520 pages, ill., rel. Peau, 105 x 170 mm

ISBN : 9782070128990
Code distributeur : A12899
GENCOD : 9782070128990

On connaît Molière, et on croit le connaître bien. Chaque génération l’a lu à sa manière. Des traditions éditoriales, et des légendes biographiques, se sont fait jour. On publie généralement ses œuvres dans l’ordre selon lequel elles furent créées, alors que pour plusieurs pièces, et notamment pour Tartuffe, on ne possède pas le texte de la création. Il aurait écrit sur la médecine parce qu’il était malade ; sur le mariage et la jalousie parce que sa femme aurait été légère… L’avantage, avec les grandes œuvres, c’est qu’elles redeviennent neuves dès qu’on veut bien porter sur elles un regard différent. Ainsi, ce n’est pas dans de prétendues difficultés conjugales qu’on cherchera la source de l’intérêt de Molière pour le statut des femmes, mais bien plutôt dans un ensemble de valeurs partagées par toute la société mondaine de son temps. De même, Molière ne fut pas un malade qui raillait ses médecins, mais un auteur qui, après l’interdiction du Tartuffe, utilisa la médecine comme allégorie de la religion, sujet désormais prohibé. De même encore, on ne peut mettre sur le même plan les pièces qu’il publia lui-même – à partir des Précieuses ridicules –, celles que firent imprimer ses héritiers et celles qui restèrent inédites jusqu’au XIXe siècle.
Cette nouvelle édition, qui rompt avec de vieilles habitudes, reconstitue la trajectoire éditoriale de l’œuvre et insiste sur ce qui distingue Molière des autres auteurs de son temps : une indifférence souveraine à l’égard des règles de poétique théâtrale ; des innovations radicales dans l’«action» (la manière de jouer) comme dans la structure des pièces ; une réussite exceptionnelle dans la comédie «mêlée de musique» ; et surtout un jeu permanent, sans précédent, sur et avec des valeurs qui étaient les siennes, que partageait son public (la Cour comme la Ville), que nous partageons toujours pour une bonne part, et dont il a fait la matière même de ses comédies, créant ainsi entre la salle et la scène une connivence inouïe, qui dure encore.

Le génie gentilhomme

Fabienne Pascaud, Télérama (16 juin 2010)

«Dans leur nouvelle édition de ses œuvres complètes, Claude Bourqui et Georges Forestier tentent donc de retrouver, par-delà trois siècles de commentaires, le vrai visage de Jean-Baptiste Poquelin, ex-tapissier, valet de chambre du roi, exceptionnel acteur comique (dont on reprend aujourd'hui encore les effets scéniques) et auteur de pièces à scandales (Tartuffe) ou d'énormes succès (L'Ecole des femmes). Et certains seront étonnés de découvrir sous leur plume le portrait d'un artiste mondain dont le plus grand talent serait d'avoir partagé avec brio les valeurs d'un public essentiellement aristocratique, les places de théâtre étant alors bien trop chères pour qu'y viennent de modestes spectateurs. Ce que Molière y perd en aura populaire est heureusement compensé par la qualité desdites valeurs aristocratiques auxquelles renverraient ses textes, toujours composés, selon nos brillants exégètes, en parfaite connivence avec l'auditoire et truffés de clins d'œil à ce dernier.»

L'ami Molière

Didier Sénégal, L'Express (2 juin 2010)

«Moderne, agréable à lire, Jean-Baptise Poquelin est sans doute l'auteur le plus familier des Français. Sa personnalité garde pourtant une part d'ombre. La nouvelle édition des Œuvres complètes dans la Pléiade, enrichie de quarante ans de recherches, lui rend un bel hommage. Sans clore le débat.»

Molière le roi Anar

Philippe Sollers, Le Nouvel Observateur N°2377 (27 mai- 2 juin 2010)

«Ouvrez ces deux nouvelles Pléiades et leur album : vous entrez immédiatement dans un château enchanté, vous pouvez vous déplacer, en pleine lumière, d'une pièce à l'autre, les phrases, les cris, les répliques vous sautent au visage, c'est dix fois plus concentré que les meilleurs romans. Tout le théâtre de la vie est à vous, pas besoin de se demander, une fois de plus, qui sera demain le meilleur acteur dans L'Avare ou Le Malade imaginaire. Le vrai roi-soleil de Versailles est Molière, et Louis XIV le savait bien. Cet auteur comédien était son complice, son rêve, son impromptu permanent, son espion, son génie protecteur, son meilleur messager sur scène.»

Un Molière tout neuf

Philippe Chevilley, Les Échos (17 mai 2010)

«Forestier et Bourqui nous brossent un portrait dynamique et vivant de l'artiste : Molière a connu le succès, parce qu'il a pris son époque à bras-le-corps, épousé l'enthousiasme du « monde galant », utilisant la meilleure arme pour le célébrer : le rire. Le rire pour se moquer des « fâcheux », pisse-froid, pédants, ultra-religieux, ennemis de la pensée nouvelle… Le rire aussi pour pratiquer un brin d'autodérision, bien accueillie par des mondains larges d'esprit.»

«Revenir au vrai texte»

Entretien avec Georges Forestier (propos recueillis par Brigitte Salino), Le Monde des Livres (13 mai 2010)

«[...] Molière est révolutionnaire. Contrairement à ses prédécesseurs, qui jouaient avec la comédie conventionnelle, il invente une forme de comique qui s'appuie sur toute la palette du rire, et donne un miroir de la société française. Les victimes sont ses contemporains qui s'aveuglent sur le monde, sur eux-mêmes et sur les comportements humains. S'il vivait aujourd'hui, Molière pourrait nous faire rire exactement de la même manière sur nos contemporains.»

Molière, l'énergie à même la langue

Denis Podalydès, Le Monde des Livres (13 mai 2010)

«Il y a chez Molière une adéquation si parfaite entre le dit et le pensé, entre ce qui s'exprime et la manière dont le personnage l'articule que l'on ne peut s'empêcher de croire, d'éprouver que la réplique, le dialogue sont une matière organique presque tangible : quelque chose qui s'établit dans l'air au sortir de la bouche et demeure, entre l'acteur et le spectateur, comme la chose même du théâtre.»